Chargebacks : quand faut-il vraiment s’inquiéter ?

1. Ce qu’on appelle un chargeback – et pourquoi ce n’est jamais anodin
C’est l’un des mécanismes les plus redoutés dans le e-commerce, et pourtant le plus mal compris. Le chargeback, ou rétrofacturation, est souvent perçu par les marchands comme un simple remboursement client. En réalité, il s’agit d’un recours bancaire initié par l’acheteur auprès de sa banque émettrice, visant à contester un paiement. Une dispute, en langage carte bancaire.
Le problème, c’est que dans cette procédure, le client est présumé de bonne foi, et c’est à vous, le marchand, de prouver le contraire. Le fardeau de la preuve est inversé.
Le circuit est toujours le même :
- Le client conteste une transaction.
- Sa banque bloque les fonds.
- Elle informe le réseau de paiement (Visa, Mastercard).
- Le PSP (Stripe, PayPal, Adyen…) est alerté.
- Votre compte est impacté.
Et chaque étape joue contre vous. Parce que pendant que vous rassemblez des preuves, les fonds sont déjà débités, et votre PSP enregistre un nouveau signal de risque dans votre dossier.
Ce n’est pas une anomalie. C’est un événement comptabilisé contre votre crédibilité en tant que marchand.
2. Le vrai coût d’un taux de chargeback élevé
Là encore, l’erreur serait de croire qu’un chargeback ne coûte “que” le montant du produit ou service remboursé. La réalité est bien plus brutale.
Chaque dispute vous coûte :
- Des frais fixes (jusqu’à 50 € chez certains PSP).
- Le montant de la transaction perdue.
- Des frais additionnels de litige, parfois invisibles.
- Une dégradation de votre score marchand.
À partir de 1% de taux de chargeback, vous entrez dans une zone rouge pour la majorité des PSP. C’est à ce moment-là que Stripe ou PayPal peuvent geler vos fonds, vous placer sous “review”, ou tout simplement fermer votre compte.
Ce qu’ils ne disent pas toujours, c’est que cette décision est souvent automatisée. Les algorithmes de gestion du risque scrutent des signaux faibles, et n’attendent pas de justification commerciale.
Pire : ces événements laissent une trace. Vous pouvez être fiché comme “high risk merchant”, et voir vos futures demandes d’ouverture de compte rejetées en cascade. Un cercle vicieux.
Les conséquences ?
- Un besoin urgent de trouver un PSP secondaire (souvent plus cher, moins flexible).
- Une baisse de cashflow (fonds bloqués 90 jours).
- Une dégradation de l’expérience client (rupture de paiement).
- Et dans les cas extrêmes, l’arrêt brutal de l’activité.
3. Les sources principales de chargebacks en e-commerce
Il est tentant d’accuser le client. Parfois, à raison. Mais le chargeback est rarement un événement isolé : c’est le symptôme d’un système qui présente une faille, quelque part entre le marketing, la logistique et le service client.
Voici les causes les plus fréquentes :
Fraude (réelle ou déclarée)
Certains clients n’ont jamais autorisé la transaction. D’autres prétendent ne pas l’avoir fait, dans une logique de “fraude amicale”. Dans les deux cas, la banque tranche souvent en leur faveur, par défaut.
Problèmes de livraison
Un colis en retard, une erreur d’adresse, un produit endommagé… Ces situations banales se traduisent trop souvent par des disputes bancaires au lieu de simples tickets SAV.
UX confuse
Un abonnement reconduit automatiquement, une ligne de facturation illisible, un mail de confirmation qui tombe en spam : le manque de clarté dans le parcours client déclenche une défiance qui finit par un litige.
Produit déceptif
Quand la promesse marketing est trop ambitieuse ou que la qualité n’est pas au rendez-vous, la déception devient un litige. D’autant plus si le remboursement manuel tarde ou s’oppose.
Clients malveillants
Il existe des profils spécialisés dans l’exploitation du système, avec une stratégie rodée : commander, contester, et jouer les délais bancaires pour maximiser les remboursements forcés.
4. Quand le chargeback devient une menace pour votre business
Il y a un seuil que les marchands expérimentés connaissent bien, mais que les débutants sous-estiment : 1% de chargebacks sur l’ensemble de vos transactions.
Ce chiffre n’est pas anodin. C’est le taux de tolérance fixé par les réseaux Visa et Mastercard. Au-delà, votre activité est automatiquement classée comme “à risque élevé”. C’est ce qui déclenche les mécanismes de défense des PSP. Et ils ne font pas dans le détail.
La première alerte, c’est souvent un email impersonnel. On vous informe que vos fonds sont retenus “le temps de la vérification”. Puis une demande de justificatifs. Ensuite, l’accès à votre compte est suspendu. Enfin, parfois, c’est la clôture pure et simple, sans appel possible.
Stripe, PayPal, Checkout.com, Adyen, tous fonctionnent avec une logique similaire : vous coûtez trop cher à couvrir. Chaque dispute leur coûte en ressources, en réputation, en conformité avec les règles de Visa et Mastercard. Vous devenez un mauvais pari.
Mais ce que peu de marchands comprennent, c’est que le risque ne vient pas seulement du chiffre brut. Ce sont les signaux faibles cumulés qui déclenchent l’alerte :
- Plusieurs litiges sur des montants similaires
- Répétition de disputes dans certaines zones géographiques
- Produits ou services associés à des taux de fraude élevés
- Changements soudains dans votre volume de transactions
- Taux de remboursements manuels trop faibles (donc résolution client perçue comme faible)
Une fois que vous êtes marqué dans leur base de données comme instable ou à risque, c’est un marquage invisible qui suit votre activité, même si vous changez de PSP. Certains providers mutualisent leurs listes internes.
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5. Pourquoi Stripe, PayPal ou d'autres peuvent brutalement couper votre accès
Il y a une illusion dangereuse autour de Stripe ou PayPal : celle de la simplicité et de la flexibilité. En apparence, ce sont des solutions ouvertes, efficaces, rapides. Mais ce sont aussi des systèmes automatisés, obsédés par la gestion du risque.
Quand une plateforme comme Stripe coupe l’accès à votre compte, ce n’est pas une décision émotionnelle. C’est un scoring algorithmique, basé sur plusieurs critères que vous ne voyez jamais.
Ce qu’ils surveillent :
- Votre taux de litige glissant sur 30, 60, 90 jours
- La typologie de vos clients (pays, devices, comportements d’achat)
- Les mots-clés utilisés dans les disputes (produit non conforme, arnaque perçue, abonnement piégeux…)
- La fréquence de vos modifications de paramètres (changements de compte bancaire, d’URL, de conditions…)
Quand un seuil est dépassé, leur équipe "Risk" applique une procédure standard : freeze, demande de documentation, et review manuelle. Sauf qu’entre-temps, vos fonds sont gelés, vos paiements stoppés, et vos clients n’arrivent plus à finaliser leurs achats.
Pour un marchand, c’est souvent un choc :
“Je n’ai reçu aucune alerte. Ils m’ont tout bloqué du jour au lendemain.”
Mais en réalité, les alertes étaient là. Seulement, elles étaient silencieuses.
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6. Comment sortir d’une situation à haut risque (et reprendre le contrôle)
Il n’existe pas de solution miracle. Mais il existe des protocoles.
Les marchands les plus solides face aux chargebacks ont un point commun : ils ne réagissent pas dans l’urgence, ils anticipent.
Voici les leviers que l’on voit fonctionner dans les dossiers à haut risque :
a. Revoir son process de litige en interne
Ne laissez plus vos clients aller jusqu’à la dispute bancaire. Mettez en place un SAV réactif, structuré, capable d’intervenir avant que le client contacte sa banque. Automatisez le suivi des commandes, proposez des remboursements proactifs sur certaines typologies de demandes.
b. Utiliser des outils de défense intelligents
Des solutions comme Ethoca, Verifi ou Vamp permettent d’intercepter les litiges avant qu’ils deviennent des chargebacks, en dialoguant directement avec les banques émettrices. Mais elles demandent un minimum de setup technique et une bonne connaissance du process.
c. Mieux documenter chaque transaction
C’est un point clé trop souvent ignoré : chaque litige est une bataille de preuve. Fournir des logs complets, un suivi de colis, des échanges client, une facture détaillée peut inverser l’issue du dossier. Encore faut-il les avoir archivés proprement.
d. Avoir un partenaire spécialisé
Et c’est là que certains marchands font le bon choix stratégique : ne pas affronter seuls un système aussi opaque. Car comprendre les signaux internes d’un PSP, lire entre les lignes d’un rapport de transaction refusée, et structurer une réponse en langage “compliance”, c’est un métier.
Accepted.co intervient justement à ce niveau. En toute transparence, certains marchands arrivent chez eux après la tempête. D’autres anticipent, et ça change tout. Le premier levier mis en place est souvent simple :
- Monitorer vos litiges en temps réel,
- Vous alerter avant le point de non-retour,
- Et optimiser vos chances de garder vos solutions de paiement actives, même avec un historique complexe.
C’est cette posture de partenaire de confiance, avec une vraie lecture “côté PSP”, qui fait la différence.
7. Ce que les marchands résilients ont mis en place dès le début
Si l’on devait résumer ce que font différemment les marchands qui tiennent sur la durée, ce serait en trois mots : prévention, documentation, défense.
- Ils connaissent leur ratio de litige au jour le jour.
- Ils ont un SAV formé spécifiquement aux signaux de dispute.
- Ils taggent leurs transactions à risque, et adaptent leur comportement en fonction.
- Ils n’ont pas peur d’abandonner certaines typologies de clients si les risques deviennent structurels.
- Et surtout, ils ont intégré un acteur externe, comme Accepted.co, dans leur boucle décisionnelle.
Parce que dans ce domaine, le vrai luxe, ce n’est pas d’avoir 0 chargeback. C’est de pouvoir en avoir… sans que cela devienne une crise.
L'équipe Accepted.co vous repond en quelques heures.